Les populations d’animaux marins ont diminué de près 50 % depuis 40 ans
Les conclusions du récent rapport de la célèbre ONG internationale WWF (Fonds mondial pour la vie sauvage) sont un nouveau cri d’alarme inquiétant quant à l’état actuel des océans et notamment des populations mondiales de requins et de raies.
En effet, l’étude de l’évolution de l’Indice Planète Vivante (IPV), indicateur décrivant l’état de santé global des populations marines via l’analyse de 5 829 populations appartenant à 1 234 espèces, met en évidence une régression des populations de 49 % entre 1970 et 2012. Le WWF estime donc que les populations d’animaux marins ont diminué de près 50 % depuis 40 ans!
Sans surprise, la surexploitation des ressources marines par la pêche reste le principal facteur à l’origine de cette régression. S’ajoute à cela d’autres pressions telles que le changement climatique et la dégradation et perte d’habitats essentiels (nurserie, zone de reproduction etc.). La famille des Scombridae (thons, bonites, maquereaux) est particulièrement touchée mais ce ne sont pas les seuls taxons dans cette situation critique.
Une espèce de requins et de raies sur quatre est menacée d’extinction
C’est notamment le cas des requins et des raies qui dans ce rapport ont été choisis comme un des trois indices majeurs visant à caractériser l’état de santé des populations marines. La maturité sexuelle tardive et la faible fécondité de bons nombres d’espèces rendent les requins et raies particulièrement vulnérables. Ces espèces peuvent ainsi être considérées comme de bons indicateurs de l’état de santé des écosystèmes marins. Aujourd’hui, il est estimé qu’environ une espèce de requins et de raies sur quatre est menacée d’extinction. Depuis les années 50, les prises déclarées de ces espèces ont été multipliées par trois. En intégrant les captures non déclarées, ce constat serait à coup sûr bien plus pessimiste.
Les espèces de requins et de raies menacées d’extinction (Sources : WWF)
La mer Méditerranée est particulièrement concernée par cette altération de l’état de santé des populations de requins et de raies. N’oublions pas que l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) tirait déjà la sonnette d’alarme en 2011 dans son rapport sur le statut de conservation des espèces de poissons en Méditerranée.
40% des espèces de requins et de raies autochtones de la mer Méditerranée (31 espèces sur 76 au total) avaient alors été inscrites dans l’une des trois catégories les plus inquiétantes de l’UICN.
Nous pouvons notamment citer dans cette longue liste d’espèces : CR « En Danger Critique d’Extinction » (Ex : L’Ange de mer commun Squatina squatina ou le requin mako Isurus oxyrinchus), EN « En Danger d’Extinction (Ex : Le Diable de mer méditerranéen Mobula mobular ou le Grand requin blanc Carcharodon carcharias) et VU « Vulnérable face à l’extinction » (Ex : le requin renard Alopias vulpinus ou le requin pèlerin Cetorhinus maximus ).
Exemples d’espèces de requins et de raies menacées d’extinction en Méditerranée (Sources : UICN)
Sur 15 espèces de poissons classées en Danger Critique d’Extinction en Méditerranée, 14 étaient alors des requins ou des raies…
A noter que le rapport du WWF de 2015 tout comme celui de l’UICN soulignent tous deux un manque de connaissances scientifiques sur les espèces de requins et de raies. Ce constat représente aujourd’hui un frein majeur dans l’évaluation du statut de conservation de bons nombres de ces espèces qui pourraient disparaitre avant même que des mesures de gestion puissent être proposées.
Espérons que les requins et les raies, espèces clairement des plus menacées, auront leurs places lors des débats qui seront menés au cours de la Conférence Mondiale pour le Climat (#cop21) se tenant à Paris en décembre 2015…
Lapinski Matthieu pour l’association AILERONS